Deux grands rapaces reçus au Tichodrome ces derniers mois

 

Le 22 février, nous recevions un Aigle royal adulte, découvert sur la commune d'Ugine. C'est une cavalière qui l'a trouvé littéralement assommé au pied d'un arbre ! Arrivé au Tichodrome, le diagnostic a montré un bon état d'embonpoint, le jabot plein (!) et aucune blessure visible. Le soir même, une radiographie est réalisée à la clinique de Vif, laquelle a montré.... un plomb logé dans un muscle de l'aile gauche ! Sa présence semble ancienne, en tous cas antérieure à sa découverte qui l'a amené au Tichodrome. La LPO Savoie et le Tichodrome ont porté plainte contre X pour le tir de cette espèce évidemment protégée, comme tous les rapaces.
Une prise de sang a été réalisée afin de mesurer la plombémie (taux plomb dans le sang), comme cela est régulièrement fait sur les grands rapaces (programme national) ; cela était d'autant plus important dans ce cas de connaitre la valeur de ce taux, étant donné la présence du plomb dans son aile gauche ! Le résultat s'avère en fait normal, et l'aigle montre des signes d'impatience dans sa volière de 28m de long.... et malheureusement, se blesse au poignet gauche. C'est cette blessure qui nous obligera à le garder jusqu'au mois de mai. Le dimanche 6 mai, la matinée a débuté par une séance de baguage et d'installation d'un GPS par Christian ITTY, spécialiste de l'espèce et qui étudie leurs déplacements. Il a été ensuite relâché en Savoie non loin (à vol d'aigle) de son territoire d'origine, au col du Frêne, à St Pierre d'Albigny. Le lendemain, il était de retour à Ugine ! Il a ensuite traversé la vallée au dessus de Faverges... Depuis, nous attendons les prochains relevés avec impatience! 

 

Le Tichodrome remercie toutes les personnes 
qui ont participé à son sauvetage, à l'analyse
de ses résultats,
à la préparation de son
relâcher et son suivi.
Photos : Jean-Charles Poncet

 

Le mardi 10 avril au soir, le Tichodrome a reçu en soin un Gypaète barbu adulte, découvert blessé sous une ligne à haute tension, sur la commune de Valezan, en Savoie. L'oiseau a d'abord été capturé par les pompiers, qui l'ont ensuite confié à l'ONCFS qui a réalisé le trajet jusqu'au Tichodrome. Le diagnostic a mis en évidence un oiseau en hypothermie, très déshydraté, avec un écoulement sanguin provenant de la trachée, plusieurs hématomes mais surtout une trace de choc violent au niveau du dos, à la base de la queue. L'état de l'oiseau s'est rapidement dégradé, malgré des tentatives pour le réhydrater et le réchauffer. Il est mort dans la nuit du 11 au 12 avril 2018. Les radiographies réalisées post-mortem ont montré une fracture avec déplacement important des dernières vertèbres, à l'endroit où l'hématome était très développé. L'autopsie réalisée ensuite par le Centre de Pharmacovigilance de l'école vétérinaire de Lyon a révélé 3 zones hémorragiques : une sur la partie pelvienne (zone de la fracture), une thoracique comprenant les deux poumons, et une au niveau de la boite crânienne. Ce gypaète adulte constituait le mâle du couple de Peisey Nancroix, dont le poussin était âgé d'un mois environ. A cet âge, il est particulièrement vulnérable (risque d’hypothermie et dérangements/prédation par d’autres espèces) pendant les périodes d’absence du parent restant. Afin de donner toutes les chances de survie et d’envol à ce poussin, une mobilisation sans précédent, menée par le Parc national de la Vanoise, a vu le jour dans les Alpes françaises.
L’objectif : apporter un soutien alimentaire afin de limiter le temps d’absence de l’adulte pendant la période la plus critique pour la survie du poussin.
 
Les températures étant plus clémentes et le poussin étant aujourd’hui plus vigoureux, ce nourrissage temporaire a été interrompu. À ce jour, l’adulte assure le nourrissage de l’oisillon : il a désormais 2 mois et sa croissance semble tout à fait normale. La survie de ce petit gypaète barbu n’est cependant pas encore assurée, celle-ci dépend encore plus aujourd’hui du respect de la zone de sensibilité majeure établie dans la vallée de Rosuel pour limiter le dérangement (survol, activités de loisirs…). A noter que la problématique de réduction des risques de percussion et d'électrocution sur les câbles (lignes électriques et remontées mécaniques) est un volet inscrit dans le cadre du projet européen LIFE GypHelp (2014-2018), coordonné par ASTERS-CEN 74 et regroupant 5 partenaires (dont le Parc national de la Vanoise). Un travail en collaboration avec les différents gestionnaires de câbles aériens (domaines skiables, Enedis, le Réseau de Transport d’Électricité et les régies privées) est mené pour équiper de balises les câbles à enjeux afin de les rendre plus visibles.
 
Vous pouvez retrouver le communiqué de presse dans sa version intégrale en cliquant sur ce lien.