Le 5 juin 2017, un Gypaète barbu était retrouvé sur le parapet d’un pont en plein cœur de la commune de Morzine en Haute-Savoie, fait inhabituel pour cet oiseau des falaises et des airs. Prévenus par des habitants, les pompiers sont venus capturer sans difficulté l’oiseau qui a été transféré à Annecy par l’Office Nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage chez un vétérinaire intervenant également auprès de la faune sauvage, Dr. Cuveillier. Après auscultation, prise de sang et radiographie, rien d’anormal n’était révélé. Cet oiseau a été transféré le 06 juin au centre de soins de la faune sauvage du Tichodrome en Isère en observations en attendant les résultats des analyses.
Il s’agit d’une femelle adulte de Gypaète barbu, plus précisément Véronika, oiseau relâché en 1999 en Suisse et individu constituant le couple de Sixt-Fer-à-Cheval depuis 2006. Ce couple se reproduisait avec succès entre 2009 et 2015 en donnant un jeune à l’envol chaque année, soit 7 au total. Ces deux dernières années, la reproduction s’était soldée par un échec.
Au centre de soins et pendant presque 2 semaines, le Tichodrome veillera sur cette espèce, en observant son comportement, le nourrissant, et vérifiant son état de santé, guidé et conseillé par le centre de soins pyrénéen Hegalaldia, spécialiste de l’espèce.
Rien de particulier ne ressort des analyses (pas d’intoxication aigue au plomb qui aurait pu expliquer un comportement anormal), si ce n’est une enzyme en concentration élevée dans le sang, qui peut traduire une activité musculaire aigue.
Aucune hypothèse n’est privilégiée sur ce qui est arrivé à Véronika, il s’agit peut-être simplement d’une difficulté que l’oiseau aurait eue à cause des mauvaises conditions météorologiques durant le weekend de la Pentecôte, ou est-ce que l’animal aurait ingurgité un cadavre euthanasié ? Avec le bon état de santé de Véronika qui montrait une envie irrépressible de sortir de sa volière de soin. Asters, animateur du plan national d’actions (PNA) en faveur du Gypaète barbu dans les Alpes françaises, le Tichodrome et la DREAL Aquitaine coordinatrice du PNA ont décidé de libérer cet oiseau. Ce qui a été fait … le 19 juin, au sein du territoire du Gypaète dans la réserve naturelle de Passy. L’oiseau a été équipé d’un GPS en collaboration avec la Fondation pour la Conservation des Vautours, afin de suivre ses déplacements, un message d’alerte sera également envoyé en cas de non mouvement et de chute de température.
Le Gypaète barbu est l’une des espèces les plus menacées en Europe et bénéficie à ce titre d’un plan national d’actions, animé par Asters, dans les Alpes françaises. La perte d’un gypaète, encore plus d’un adulte, est toujours préjudiciable pour le développement des populations de cette espèce qui repose sa stratégie sur la survie des adultes, pour compenser un faible taux de reproduction (en moyenne, 1 jeune tous les 3 ans). Véronika a pu être sauvée, grâce à une remarquable collaboration associative, et libérée dans son milieu naturel, ce qui est une très bonne nouvelle pour les populations !